05.02.2019

Maskbook au Ghana

Au mois de novembre 2018, Marguerite et Nicolas, Secrétaire générale et Chef de projet Maskbook, se sont rendus au Ghana pour une série d’ateliers Maskbook en collaboration avec des organisations environnementales locales : Recycle Up Ghana et Plastic Punch. 

Pourquoi le Ghana ? Situé entre le Togo, la côte d‘Ivoire et le Burkina Faso, dans la corne de l’Afrique, ce pays connaît une grande croissance économique et un rayonnement international de par sa stabilité politique. Cependant, le Ghana est loin d’être épargné de la crise environnementale et il est l’un des dix pays les plus pollués au monde. Pollution plastique accentuée par l’absence de filière locale de recyclage mais aussi pollution de l’air car les déchets sont souvent brûlés dans des décharges à ciel ouvert. Ainsi, l’équipe Maskbook s’est rendue pour la deuxième fois en Afrique Subsaharienne pour une série d’ateliers créatifs.  

Dès l’arrivée à Accra, la capitale, l’équipe s’affaire à récolter les déchets et ingrédients locaux qui viendront agrémenter les masques des ateliers. En se rendant au marché local, l’équipe réalise rapidement que la majorité des rebuts ne sont que des poches d’eau en plastique qui jonchent le sol. Les autres rebuts que l’on trouverait dans des pays occidentaux sont quasiment tous réemployés ou alors difficiles à trouver. 

Après deux heures de déambulation dans le marché, ils font la rencontre de tailleurs qui offrent gracieusement des chutes de tissus et de wax, matériaux idéals pour les ateliers. Autrement, quelques emballages et bouteilles en plastique sont récoltés, mais cela n’est pas suffisant pour fournir l’atelier du lendemain. 

Plusieurs personnes rencontrées conseillent la plage d’Accra, très touchée par la pollution plastique. On y trouve une grande diversité de petits déchets plastique : bouchons, chaussures plastique, brosses à dents, emballages, petits jouets etc. Les sacs se remplissent grâce à l’aide de jeunes ghanéens qui rejoignent l’équipe. C’est l’occasion de leur parler du projet et de les inviter à rejoindre les ateliers. 

Le lendemain, c’est le premier atelier à la Madolly School, dans le nord d’Accra. L’école s’inscrit dans le réseau de l’association RecycleUp Ghana qui agit depuis 2009 dans l’éducation des jeunes à la prise de conscience environnementale. Pour ce faire, ils développent des programmes de sensibilisation dans un réseau d’école à Accra et Kumasi et organisent des camps d’été. L’atelier Maskbook est un succès avec plus de 80 jeunes participants, dans une ambiance joyeuse. Un correspondant de la chaîne allemande Deutsche Welle est présent pour filmer.

La journée s’achève et l’équipe se prépare déjà au deuxième atelier qui se déroule le lendemain avec Plastic Punch, une autre organisation locale qui organise des journées de nettoyage de la plage de New Ningo, à quelques kilomètres de la capitale.

Le samedi matin, rendez-vous à 8h devant l’Alliance Française pour le départ en bus vers New Ningo. Beaucoup de volontaires ont répondu à l’appel. 

Plastic Punch est une association à but non lucratif, réunissant une équipe internationale d’environnementalistes désireux d’agir pour lutter contre la pollution plastique. Fondée par Legacy, un ancien marin et journaliste, l’association organise deux fois par mois le nettoyage de plages, qui sont aussi des lieux de ponte pour les tortues. L’association développe également des partenariats forts avec des artistes upcyclers locaux et souhaiterait également dans le futur développer leur propre filière de recyclage. 

New Ningo est une plage magnifique, ravagée par les déchets plastique. La journée se passe dans la bonne humeur et une centaine d’enfants de la ville voisine nous rejoignent pour ramasser les déchets. Certaines de ces trouvailles rejoignent l’atelier Maskbook qui est installé sur la plage, à côté d’un atelier organisé par un artiste upcycler local. Il fait très chaud mais la journée se déroule dans une ambiance joyeuse, rythmée par les chants du mégaphone de Legacy qui canalise l’excitation débordante des enfants. 

15h, c’est la fin de la journée de nettoyage. Des camions bennes débarquent pour collecter les nombreux sacs de débris. Il reste de nombreux déchets entremêlés aux algues mais une grosse partie du travail est faite. Nous savons que quelques jours plus tard, de nouvelles vagues de déchets vont venir s’échouer mais ces actions visent surtout à sensibiliser les participants. De retour à Accra, les équipes d’Art of change 21 et de Plastic Punch échangent longuement sur des partenariats possibles et la suite des ateliers. Une exposition est envisagée à l’Alliance française d’Accra.

Dimanche 11 décembre, l’équipe se met en route pour Abetifi, une petite ville à quelques heures de Accra. Il faudra prendre deux « trot trot » (petit bus partagé) pour arriver jusqu’au village où l’accueil est assuré par Lydia, une institutrice de l’école. La région est très « verte » avec une végétation abondante. Nous nous couchons très tôt (vers 19h) et nous réveillons avec le soleil et le chant du coq (vers 5h30). 

L’atelier du lendemain se déroule dehors, sous les arbres, avec des élèves de 12 à 16 ans. Ils ont collecté en amont quelques déchets mais nous sommes venus compléter car la récolte est pauvre.

Les jeunes sont très réceptifs malgré le fait qu’ils ne vivent pas dans un milieu pollué comme Accra.

Ils ont conscience de la chance de vivre dans un environnement où la nature à sa place. Le directeur de l’école nous remercie chaleureusement et nous promettons d’envoyer quelques jeux et livres pour le professeur de français. Cette école vient de rejoindre Recycle Up Ghana. Après deux ateliers de 40 personnes, nous repartons pour Accra pour réaliser le dernier atelier à la Sunflower School. 

La veille du dernier atelier, l’équipe a rencontré l’artiste ghanéen très en vogue, Serge Attukwei Clottey. Il travaille à partir de morceaux de jerricans jaunes assemblés pour créer des drapés qui recouvrent des bâtiments, des chemins. Il est très impliqué avec les communautés locales qu’il intègre toujours dans le processus de création. Clottey fait partie des nombreux artistes ghanéens qui travaillent à partir de matériaux de récupération. Il a grandi à Labadi, une ville voisine d’Accra, très orientée sur le littoral. Le lendemain, l’équipe a rencontré Naw Tei, autre artiste local qui crée des masques, des bas-reliefs, à partir de morceaux de métaux assemblés. 

Le lendemain, c’est le dernier atelier Maskbook, dans une école privée où les élèves sont déjà éduqués aux enjeux environnementaux. Ici, Recycle Up a installé de grandes corbeilles pour collecter les bouteilles et poches d’eau, incitant les éco gestes. Pour l’atelier Maskbook, les professeurs sont très mobilisés et les enfants s’organisent en duo pour réaliser leur masque. Les résultats sont superbes et le partenariat avec Recycle Up est un succès. 

Le dernier jour, l’équipe a visité Jamestown, quartier historique marquée par la traite au 18ème et 19ème siècle. Les anciennes maisons coloniales jouxtent un for blanc, ancienne prison d’esclaves. Au Jamestown café, une exposition de masques réalisés à partir d’objet de récup confirme l’écho artistique du projet Maskbook dans le pays. Sur la devanture du café, une fresque représentant un homme portant un masque anti-pollution. Juste avant le départ, l’équipe a été invitée par l’ambassade de Norvège pour une soirée sur la pollution plastique. De nombreux acteurs, ONG, artistes, sont présentes pour expliquer leur action dans cette lutte. 

 

Inscrivez-vous à notre newsletter